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Kintsugi : chérissons nos blessures

Pourquoi jeter une céramique ébréchée, fendue, brisée ? Pourquoi renoncer à un objet auquel nous tenons parce qu’il est ébréché ? Grâce à la réparation à l’or (kintsugi), non seulement il conserve son rôle, mais il accède au statut de pièce unique. Loin de chercher à dissimuler la brisure, il la souligne et la sublime avec l’or. Le kintsugi connaît un engouement depuis le XVIe siècle et continue aujourd’hui d’émouvoir les collectionneurs de céramiques.

Réparer l’irréparable

La légende raconte que le Shôgun Ashikaga (1435-1490), désespéré d’avoir brisé son bol à thé préféré, l’envoya en Chine pour le faire réparer. Mais il fut déçu de le voir revenir avec de vilaines agrafes métalliques qui assemblaient les morceaux mais ne permettaient pas l’usage du bol pour le thé. Ses artisans se mirent alors au travail pour trouver un mode de réparation permettant au bol de retrouver son étanchéité et aussi sa beauté.

Observer la poésie de ce qui est altéré

C’est ainsi que serait né le kintsugi, cet art japonais qui consiste à réparer les céramiques avec des joints de laque d’or ou d’argent (Gintsugi) ou à la laque naturelle Urushi (Urushi-tsugi). Le kintsugi s’inscrit dans le principe sabi de l’esprit et de l’esthétique wabi sabi : observer la beauté de ce qui a été altéré par le temps. Admettre que l’on ne peut pas revenir en arrière. Observer la beauté de ce qui est patiné, fendillé, craquelé, en un mot, imparfait.

Accéder à l’art avec de l’or

Et le kintsugi va même plus loin puisqu’il démontre que la céramique ostensiblement réparée est encore plus belle qu’avant d’être brisée.

Car il est bien là l’enjeu du kintsugi : d’objet brisé, il revient à la vie; et d’objet standard, il devient pièce unique. La jointure d’or crée un motif dicté par l’accident et il accède au statut d’objet d’art par la main de l’homme qui le répare.

Nous sommes tous des pièces uniques

N’en est-il pas ainsi de nos âmes ? Le kintsugi nous dit qu’il nous faut aimer ce que nos blessures ont fait de nous.

C’est ce que nous avons fait de nos bleus et nos bosses qui fait de nous ce que nous sommes dans notre humaine singularité. Il nous faut aimer nos blessures comme nos réparations car c’est qui fait de nous des oeuvres d’art.

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